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Des désastres qui n'ont rien d'accidentel [Book review - Ten pathways to death and disaster: learning from fatal incidents in mines and other high hazard workplaces]

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Article

Vogel, Laurent

HesaMag

2015

11

49

analysis of accident causes ; case study ; mining ; occupational accidents

Australia ; Canada ; New Zealand ; United Kingdom ; USA

Occupational accidents

French

"Depuis des siècles, les désastres de la mine se répètent comme si travailler dans les entrailles de la terre exigeait des sacrifices humains. Le livre de Michael Quinlan remet en question le fatalisme avec lequel cette hécatombe est parfois considérée. Il analyse des désastres de la mine dans cinq pays hautement développés : l'Australie, la Grande-Bretagne, le Canada, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.
Il y a presque 30 ans, le jeune sociologue australien Michael Quinlan s'est rendu pour la première fois dans la mine de charbon de Pike River en Nouvelle-Zélande. Au cours des années 80, il a effectué des recherches en collaboration avec le syndicat des mineurs de l'État du Queensland (Australie). Il a pu apprécier le travail des inspecteurs désignés par le syndicat pour défendre la sécurité des mineurs. Le syndicat lui a donné accès à l'ensemble de ses archives. Il a présenté une première analyse basée sur ce travail de terrain en 1986 et, depuis lors, son intérêt pour les questions de santé et de sécurité dans les mines n'a pas faibli.
Michael Quinlan est devenu l'un des meilleurs spécialistes de cette question dans le monde. Il suit des méthodes de travail qui valorisent l'expérience collective des mineurs et de leurs syndicats. Il a exercé des responsabilités dans différentes commissions d'enquête en Australie et en Nouvelle-Zélande.
En novembre 2010, un nouveau désastre causait la mort de 29 mineurs à Pike River. Le plus jeune d'entre eux, Joseph Dunbar, avait eu 17 ans la veille. C'était sa première journée de travail dans la mine. Quinlan a joué un rôle important dans la commission d'enquête formée par le gouvernement néo-zélandais pour étudier les causes du désastre. Les deux volumes du rapport détaillé publié par cette commission en novembre 2012 ont permis de renforcer la législation, en dépit d'un contexte politique défavorable.
Quinlan dégage dix facteurs qui contribuent aux désastres. La conception même des mines, l'organisation de la production et les erreurs commises dans les choix techniques et l'entretien jouent un rôle important. Dans le cas de Pike River, la décision d'avoir recours à la technique de l'extraction hydraulique, qui utilise la puissance de jets d'eau, a été prise sans être accompagnée par des infrastructures adéquates. Au fur et à mesure que la mine a été exploitée, des difficultés imprévues sont apparues mais elles n'ont pas été résolues en raison de la pression financière qui visait à rentabiliser au plus tôt les installations. La direction des mines semble avoir une confiance totale en la technologie. Sa propre position dans la division du travail l'amène à négliger les signaux d'alarme qui émanent des mineurs. Les systèmes de gestion sont souvent déficients tandis que l'évaluation des risques est insuffisante. Des audits complaisants ne permettent pas de rectifier ces erreurs. Les pressions économiques jouent un rôle central. Parfois, ce sont des difficultés financières qui amènent à négliger la sécurité. Dans d'autres cas, c'est la volonté de rentabiliser au plus vite les installations et la pression exercée sur les sous-traitants pour qu'ils respectent les délais qui causent les désastres. À Pike River, des primes étaient distribuées aux mineurs sur la base de la productivité. Ce système a entravé la prévention. Le rôle des inspections étatiques ne doit pas être négligé. En Australie, les enquêtes ont montré que l'inspection est réticente à prescrire des mesures précises et elle entend favoriser l'autorégulation par les entreprises. Les mineurs expriment souvent des préoccupations avant les désastres. Ils ne sont pas écoutés. Le management considère qu'il sait tout mieux que les travailleurs et ne met pas en place des systèmes de communication efficaces. Le bilan des désastres est alourdi par des ressources insuffisantes pour faire face aux situations d'urgence.
Ce livre a le mérite de ne pas isoler les désastres de la réalité quotidienne des conditions de travail. Comme l'indique l'auteur, si les désastres attirent l'attention des médias, du public et des gouvernements, ils laissent dans l'ombre que le plus grand nombre de décès est causé par des accidents qui interviennent dans le cours normal de la production. L'auteur insiste sur la dimension politique sous-jacente dans tout débat sur l'amélioration de la prévention. Écrit dans un langage clair et avec une évidente maîtrise des questions techniques, ce livre constitue une critique des discours dominants dans le domaine de la sécurité au travail. — Laurent Vogel"

Digital;Paper



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