Statistique et mort industrielle : la fabrication du nombre de victimes de la silicose dans les houillères en France de 1946 à nos jours
Rosental, Paul-André ; Devinck, Jean-Claude
Vingtième siècle : revue d'histoire
2007
95
75-91
silicosis ; mortality ; compensation of occupational diseases ; miner ; coal mining ; statistical evaluation
Occupational diseases
https://doi.org/10.3917/ving.095.0075
French
"La tardive reconnaissance de la silicose en 1945, en extension de la loi de 1919 sur les maladies professionnelles, a été conditionnelle au poste de travail, au secteur industriel, à la durée d'exposition. Les houillères nationalisées comme les autres entreprises ont ainsi pu relativiser les données issues de la radiologie et de l'épidémiologie, attribuer le mal à des maladies comme la tuberculose, imputer l'indemnisation à l'assurance-maladie ou aux autres assurances sociales. Le recours à l'immigration étrangère, aux emplois temporaires, aux rapatriements, a minimisé la morbidité et la mortalité observables. Le rôle de certains professeurs de médecine, la complicité du parti communiste à la Libération, la passivité des syndicats, l'impuissance de la sécurité sociale des mineurs, l'opacité statistique, l'obéissance à un système paternaliste, ont empêché la silicose de devenir une « cause ». Son histoire fournit une matrice de celle de l'amiante, des TMS ou des cancers professionnels aujourd'hui."
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