Ramonville Saint-Agne
"Paul Ricœur, dans son ouvrage Soi-même comme un autre (1990), définit la souffrance non pas uniquement par la douleur physique ou mentale, mais par la diminution, voire la destruction de la capacité d'agir, du pouvoir faire, ressentie comme atteinte à l'intégrité de soi. La souffrance est une impuissance à dire, à faire, à raconter, à s'estimer. Mais, dans cette impuissance, il ne distingue pas ce qui relève de l'empêchement « objectif » et ce qui relève de l'empêchement subjectif. Le premier concerne les interdits, les contraintes, la répression sociale, l'absence de moyens d'action, l'ensemble des conditions concrètes qui déterminent les possibilités et les impossibilités d'agir. Le second concerne les inhibitions, les conflits internes, qu'ils soient psychologiques ou psychopathologiques, les capacités et les incapacités internes du sujet. Pour autant, l'identification entre ce qui est de l'ordre de l'empêchement objectif et ce qui relève de l'empêchement subjectif est souvent délicate. La sociologie clinique s'est donné pour tâche de « détricoter » de manière analytique les différents registres entre l'objectif et le subjectif, le social et le psychique, l'intériorité et l'extériorité, sachant que ces différents termes renvoient à des distinctions de nature différente. Le social peut être intériorisé, la souffrance sociale a des dimensions objectives et subjectives.
"Paul Ricœur, dans son ouvrage Soi-même comme un autre (1990), définit la souffrance non pas uniquement par la douleur physique ou mentale, mais par la diminution, voire la destruction de la capacité d'agir, du pouvoir faire, ressentie comme atteinte à l'intégrité de soi. La souffrance est une impuissance à dire, à faire, à raconter, à s'estimer. Mais, dans cette impuissance, il ne distingue pas ce qui relève de l'empêchement « objectif » et ce ...
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