Citius, altius, fortius. L'intensification du travail
Gollac, Michel ; Volkoff, Serge
Actes de la recherche en sciences sociales
1996
114
54-67
management technique ; new work practices ; productivity ; survey ; working conditions ; work load
Working conditions
https://doi.org/10.3406/arss.1996.3194
French
Bibliogr.
"Cet article s'appuie sur quelques résultats importants des enquêtes statistiques sur le travail, menées auprès des salariés. Il décrit une évolution majeure du travail, d'après les déclarations de ceux qui le font : son intensification. Le progrès technique et organisationnel ne met pas fin à la pénibilité du travail. L'automatisation de la production ne concerne qu'une fraction limitée des ouvriers et des employés de service. Elle n'élimine pas les interventions manuelles, toujours nécessaires pour la maintenance et la réparation, et elle entraîne de nouvelles nuisances. Une autre cause de la persistance des pénibilités est la multiplication des pressions sur le rythme du travail. Le cumul, par les mêmes salariés, de plusieurs contraintes temporelles est étroitement lié aux transformations de l'organisation de la production. Les entreprises se veulent de plus en plus proches du marché, et éliminent les dispositifs qui préservaient les opérateurs des fluctuations de celui-ci. En même temps, l'activité productive est de plus en plus formalisée et encadrée par des normes. Les variations de la demande ont un impact direct sur la cadence de travail d'un nombre croissant de salariés, mais les contraintes liées à l'organisation industrielle ou bureaucratique progressent aussi. L'accroissement des contraintes temporelles est par lui-même générateur de tension. Il limite aussi les possibilités qu'ont les salariés d'adapter leur travail à la préservation de leur santé et de leur bien-être. Dans le même temps, les entreprises demandent à leurs salariés davantage d'initiative. Elles recherchent une main-d'oeuvre mieux formée, et pratiquent des politiques salariales restrictives. Pour concilier les exigences contradictoires, telles qu'autonomie accrue et contraintes plus strictes, les employeurs ont recours à une panoplie de techniques managériales. Les entretiens d'évaluation à la fois rendent réaliste la menace du chômage en fournissant une mesure du travail fait, et renforcent la légitimité des exigences de l'entreprise. Ils sont particulièrement utilisés pour gérer les travailleurs soumis à la fois à la pression du marché et à celle de normes bureaucratiques internes. En revanche, ces situations de forte contrainte limitent le bon fonctionnement des dispositifs participatifs."
Digital
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