"Candidate à l'entrée dans l'UE, la Turquie s'est engagée dans une politique ambitieuse dans les Balkans dans les années 1990, en tentant de s'inspirer de celle menée avec succès par Mustafa Kemal dans les années 1920. Ankara souhaite être un acteur à part entière de la construction de la paix en ex-Yougoslavie et de l'intégration des Balkans dans l'Union européenne. A cette fin, la Turquie a opéré un rapprochement avec la Grèce et a participé à toutes les structures de coopération régionale visant à créer un espace de sécurité dans les Balkans. Sur le plan des relations bilatérales, les espoirs turcs ont souvent été déçus. La Turquie est un partenaire économique de second ordre des Etats balkaniques et la coopération militaire demeure limitée. La diplomatie a également obtenu des résultats mitigés dans ses relations avec les Etats de l'ex-Yougoslavie. Elle a suivi une politique prudente pendant les conflits qui ont rythmé les années 1990 en refusant de s'engager plus avant dans une solidarité musulmane, comme l'y incitaient les médias et l'opinion publique turque. Ankara n'est pas toujours parvenue à défendre les intérêts des minorités turques. En fait, la politique turque dans les Balkans est empreinte de contradictions, produit de ses contraintes, notamment sa relation avec les Etats-Unis, de ses ambitions - devenir une puissance régionale face à la Grèce et entrer dans l'UE - et de ses moyens limités."

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